Malgré la mauvaise nouvelle d’hier, j’ai réussi à bien dormir.
La fatigue a eu raison de moi et mes yeux avaient besoin de se reposer après avoir vu la mort dans une si jeune et innocente demoiselle.
Réveil à 3h10 pour aller au rosaire et à la messe dans San Carlos.
Mes pensées et mes prières sont bien évidemment pour Angélica, une petite sœur qui veille désormais sur nous avec les étoiles du ciel.
A notre retour à l’évêché, nous prenons notre petit déjeuner avec Berna et ses enfants. Une sieste s’impose par la suite.
Je commence de travailler à 8h30 mais souhaite d’abord mettre mes pensées sur le papier, faire partager mes réflexions et mes observations. Je prends du temps pour mettre mon blog à jour, mon calendrier ayant été chamboulé par les nombreuses activités de ces dernières heures.
Odile est en vacances, Thibaud à Bacolod et Gaspard part ce matin en direction de Don Salvador sur les hauteurs de San Carlos.
Je suis donc seul à déjeuner dans la salle à manger de l’évêque.
A 1h, j’ai rendez-vous avec Berna car nous allons à l’enterrement d’Angélica. Cela me parait très rapide comme événement car nous ne sommes même pas à 24h après sa mort et celle-ci est déjà enterrée.
Je comprends que la famille et particulièrement la grand-mère veulent tourner la page au plus vite, ils veulent s’en « débarrasser ».
Cela me choque, elle aura été blâmée toute sa vie alors que c’était une fille innocente.
Nous partons donc en direction de la cathédrale pour l’office. Nous sommes 20 au total, pas de messe, pas de prêtres, juste une petite bénédiction.
La tristesse ne se lit sur aucun visage sauf sur celui du cousin, Ryan, qui a toujours été là pour s’en occuper. Nous traversons San Carlos en poussant une charrette avec le cercueil dessus pour aller au cimetière municipale.
L’extérieur est beau mais l’intérieur est digne des films, souvent d’horreur. Certaines tombent sont ouvertes, les corps dans des sacs plastiques. Etrangement il n’y a pas d’odeurs, j’espère sentir l’odeur de sainteté pour tous ces gens.
En 3 minutes, c’est plié. Quelques fleurs jetées sur la tombe par des enfants qui boivent en même temps des sodas, toujours pas de tristesse.
J’ai de la peine et Berna aussi. Nous restons quelques instants de plus, faisant une croix avec de l’eau et du ciment sur ce caveau.
J’entends la voix de la Grand-mère dans le cimetière qui dit à Joshua, petit frère d’Angélica : « Maintenant que tu n’as plus de sœur, je n’ai plus à m’occuper de toi ».
Ces paroles résonnent dans ma tête et celle de Berna. Comment un enfant, déjà abandonné par ses parents et livrés à la rue peut-il s’en sortir et vivre s’il est mis dehors par sa propre famille ?
La méchanceté des hommes…
Nous rentrons le cœur lourd au bureau, il nous faut travailler malgré cela.
Berna ne peut pas et je la comprends.
Pour moi je mets du cœur à l’ouvrage avant d’aller lire et écouter un peu de musique.
Je m’endors comme un philippin, sur quelques bouts de bambous dans une position étrange que je ne verrais plus tard qu’en photo.
Le soir, Marie et une autre volontaire nous rejoignent car elles ont un meeting à l’évêché demain.
Nous allons diner en ville puis allons boire une bière avant de nous séparer, certains rentrant dormir, d’autres, comme moi, allons faire un karaoké.
Bonne soirée puis retour pour dormir 4h.
